L’ancien Premier ministre israélien et numéro deux de Kadima, Shimon Pérès a été reçu ce jeudi 6 avril par le pape Benoît XVI au Vatican.
Au cours de la rencontre qui a duré près de 40 minutes, Pérès a transmis au souverain pontife une lettre écrite par le Premier ministre désigné, Ehud Olmert, l’invitant à se rendre en Israël. Le président de l’Etat, Moshé Katsav, avait déjà invité Benoît XVI à se rendre en Terre Sainte lors d’ une visite officielle effectuée en novembre dernier.
Au terme de la rencontre, Shimon Pérès a déclaré que le pape « réfléchit à ce voyage et qu’il pourrait l’effectuer dans la première partie de 2007. »
Le Vatican a confirmé dans un communiqué que M. Pérès « a invité le souverain pontife à se rendre en visite en Israël », mais n’a pas fait état de la réponse de Benoît XVI. A Jérusalem, la nonciature apostolique a déclaré ne pas être informée d’une éventuelle visite du pape en Terre Sainte.
Selon le communiqué du Vatican, les entretiens ont permis « un échange d’opinions sur les problèmes de la paix en Terre Sainte, dans le respect des résolutions des Nations Unies et des accords déjà conclus », et ont été l’occasion d’exprimer « une condamnation unanime de toute forme de terrorisme quel que soit le prétexte par lequel on tente de le justifier ».
Il a également été question d’un programme de développement de Nazareth en vue de faire de la ville un grand centre de pèlerinage. Enfin, Shimon Pérès a déclaré au pape qu’Israël avait l’intention de développer ses relations avec le Vatican.
Dans l’entourage de l’ancien Premier ministre, on déclare que l’entretien a été très chaleureux et cordial. Pérès a également rencontré le secrétaire d’Etat, Angelo Sodano. Pérès s’est rendu au Vatican envoyé par Ehud Olmert en vue de demander officieusement au pape son soutien pour boycotter le mouvement palestinien Hamas et l’isoler sur le plan international.
Le Custode de Terre Sainte : « Nous sommes prêts à parler avec toute autorité légitime. »
Ce même jeudi, dans une interview au Corriere della Sera, le Custode de Terre Sainte, le père Pierbattista Pizzaballa, déclarait : « Nous sommes prêts à parler avec toute autorité légitime »
Alors que, parmi les diplomates et les politiques, la consigne générale est à la plus grande réserve, le P. Pierbattista Pizzaballa n’a pas peur de briser un tabou : « Pour le moment, nos contacts avec le Hamas sont seulement informels. Mais l’Église parlera sans aucun doute avec le nouveau gouvernement palestinien. C’est inévitable, et même avec ses plus hauts dirigeants. » Depuis sept siècles, les Frères Mineurs veillent sur les intérêts de l’Église de Terre sainte et ils ont toujours su s’accommoder de la présence musulmane. Le P. Pizzaballa est prêt à parler avec quelque autorité que ce soit « pour garantir l’existence de nos communautés chrétiennes. »Il ne manque pas aujourd’hui de chrétiens, même parmi les Franciscains, pour estimer qu’en ce moment, les militants du Hamas sont plus à même d’assurer l’ordre et la sécurité que la police de l’O.L.P., divisée et corrompue. « Le Hamas l’a emporté dans des élections démocratiques et son gouvernement tire sa légitimité du vote. Il y a évidemment un problème du fait que le Hamas, il y a peu, envoyait ses kamikazes se faire sauter dans les autobus à Tel Aviv. Mais nous ne sommes pas un gouvernement. Nous ne choisissons pas nos interlocuteurs. »
Que pense-t-il des conditions posées par Kofi Anan ? « Nous ne nous situons pas sur le même plan. Nous devons travailler à l’intérieur de la société palestinienne locale [...] Si Jésus avait suivi la logique de Kofi Anan il n’aurait jamais parlé avec Marie Madeleine. » A-t-il déjà parlé avec le ministre palestinien des Affaires étrangères, Mahmoud Zahar ? « Jusqu’à maintenant, ; il n’y a eu que des contacts de nature technique. mais je pense qu’ils seront bientôt d’un niveau plus élevé, probablement après les fêtes pascales. Au cours des années 090 ont été instaurés des rapports diplomatiques entre le Saint-Siège et l’Autorité palestinienne. Un pas qui a suivi l’instauration de rapports diplomatiques complets avec Israël. Rien de tout cela n’a été renié par le Vatican. »