Le sondage le plus frais sur Olmert l'appelerait s'il était rationnel, à faire ses bagages pour la lune. Moins drôle, c'est que chaque jour sort une nouvelle affaire à un niveau ou à l'autre : s'il suffisait de congédier Olmert, ça se saurait.
L'humour a souvent été une arme, principalement dans les périodes oppressantes. Le pire est d'imaginer qu'un pays désormais libre puisse lui-même se choisir ses servitudes, l' auto-aveuglement.
Un autre encore qui ne me fait pas rire, mais me mettrait en colère, si ce n'était un manque d'égard particulier pour son rang, c'est le Grand Rabbin Séph, Shlomo Amar, dont le fils était englué dans une affaire d'enlèvement et de séquestration de jeune fille à la mode talibane. Pour venger l'honneur de la famille, il essaie de promulguer une loi d'exclusion de la Loi du Retour de tous les convertis, ce qui résoudrait au rouleau...-compresseur, le problème posé par les "Réformistes" (Américains, les plus nombreux, en France, c'est Copernic et deux-trois isolats). Ca s'appelle vouloir couper l'herbe sous le pied, sauf que l'herbe en question c'est la Terre d'Israël. Ca jeterait de toutes façons la suspicion ou rendrait mal à l'aise (feraient violence à) tous les convertis, y compris déjà présents en Israël, puisqu'ils auraient bénéficié en des Temps plus cléments d'une faveur historique désormais halakhiquement abolie. On pourrait décrypter à la lueur de son propre drame familial les ressorts psychologiques qui peuvent le conduire à souhaiter faire violence aux convertis.
Selon la Torah, cela relèverait du Hilloul Hachem. Mais, le problème est que le projet est sur le bureau d'Olmert, qui n'est plus à une erreur près pour sauver sa tête...
Ce qui voudrait dire que quiconque voudrait se rapprocher d'Israël (Terre, Foi et Peuple) en serait radié d'avance si sa mère n'est pas juive. Fin du rassemblement des âmes. Ne reste que la loi du sang, la noblesse accordée par la naissance à la mode aristocratique (> du grec : Aristote, les convertis étant ramenés à l'état de "métèques"). Un Juif totalement athée mais de mère Juive pourrait se permettre ce qu'un Croyant convaincu et prêt à s'investir dans la Communauté se verrait refuser.
En 33, on appelait ça une loi raciale. Son génial inventeur a charge de guider spirituellement un peuple marqué par la dispersion (Ethiopiens, Bné Ménashé, Conversos sud-américains, dissémination des familles post-Shoah, le plus grand nombre de Juifs vivant toujours en Diaspora...) et diverses péripéties exterminatrices (de la Sainte Inquisition à 33-45).
La renaissance miraculeuse d'Israël génère une attraction (spirituelle et matérielle et difficile de juger dans un processus évolutif laquelle prédomine ou guidera un jour vers l'autre : le "corps est premier dans la prise de conscience de l'enfant-voir Midrash relatif à l'éveil d'Adam Rishon, évoqué par Yitschak Adda, cet été). Elle est appelée Teshuva, notamment par le bien plus génial Rav Kook.
Teshuva qui devrait être favorisée par un esprit de rapprochement (la prière et les mitzwoth étant une imitation ou un équivalent des antiques Korbanot) et d'ouverture, basé sur la compréhension avant l'application de la Rigueur pure et dure qui ne vaut que parce qu'on la comprend et l'accepte joyeusement, qu'elle apporte un surplus de sens, un perfectionnement (ce qui nous éloigne du Talibanisme). Ensuite, ceci peut être "programmé" par étapes par l'acquisition d'une éducation juive plus consistante que donnée par la prime éducation exilique. Qui dit étude et apprentissage dit aussi que rien n'est inné ni définitivement acquis.
On dit aussi dans le Midrash que le peuple juif a été envoyé en Exil pour ramener les Convertis (source: Josy Eisenberg, très critique à l'égard du Rabbinat notamment français, pour lui insuffisamment instruit et, de ce fait, imposant l'ultra-orthodoxie à ceux qui sont en démarche, y compris s'il n'y a pas de synagogue près de chez eux. D'autres diront que le Rabbinat Ashkénaze plus éclairé est parti en 67 vers les implantations, laissant la place à une nouvelle génération moins confrontée ou aguerrie aux dilemmes de la modernité...
Exemple bête mais immédiat : prendre sa voiture Shabbat pour devoir rallier la synagogue ou assister le shabbat à un shiour : qu'est-ce qui compte? Etudier et prier de façon collective? Ou apprendre tout seul chez soi pour ne pas profaner?.
La connaissance vaut parce qu'on tire partie de ses erreurs-errements. Et le peuple juif a vocation de spiritualiser, c'est-à-dire de positiver, trouver des solutions inédites (renouvelées à partir de sa Tradition, de son socle) y compris aux passages les plus tragiques de son histoire et de celle de l'humanité...
Exil, quelle est sa mission? fertiliser l'Egypte, dans le rêve (fréquemment innaccessible) de Joseph- et ses conséquences assumées, puis bonifiées> ramener les Bné Israël vers la Terre :
question : pourquoi sont-ils "partis", ou plutôt ont-ils d'abord laissé leur frère être vendus par les Midianites aux Ismaélites puis à Pharaon? Parce qu'il avait des rêves de Majesté et de Grandeur (la "Gerbe" -fruit de la moisson- plus grande que celle de ses frères), qu'il accordait une valeur universelle au message donné à Israël au-delà des douze tribus, enfants de Jacob... Quand l'ont-ils rejoint? Lorsque, Jacob vieillissant, la famine fut venue et que Joseph organisait le ravitaillement économique de toute la Région... Ce qui donne un bon pretexte aux Diasporiens de rester là où ils en sont, au cas où... On a toujours besoin d'un plus petit que soi, etc.
Les deux figures du Judaïsme sont en constante recherche de leur cohérence, dès Ya'acov et Esaü, puis l'Ecole de Yavneh contre la position des défenseurs de Betar (première grande victoire juive sur Edom-Rome dont 12 000 combattants sont tués. Mais qui a pour conséquence la dispersion durant 2000 ans) dans les générations suivantes et jusqu'à aujourd'hui.
Selon le Rav Léon "Manitou" Ashkénazi, les Temps messianiques devraient résulter de la conjonction de la part du Macchiah provenant de Joseph et de celle provenant de Yehuda (ou retour des Exilés). Dans cette configuration, les Convertis comme les Justes apparaissent comme le bon grain issu des Nations (Goyim), annonciateurs de moissons futures : Que ce qu'Israël a ensemencé à travers l'Histoire (sa "dispersion") commence à produire de nouvelles générations, y compris à partir de Terres moins fertiles qu'Israël, comme Terre de Sanctification et de Royauté, mais aussi et d'abord d'Unité.
Dans l'idéal, et même s'il y a des oppositions doctrinales à mon avis nécessaires pour rappeler le sens des choses ( l'Orthodoxie est la condition de conservation du sens), le bon sens démo et géographique voudrait qu'on imagine les conditions d'un continuum entre pratique "réformée" plus clairsemée du fait de la dispersion (ou choc de la Modernité, à laquelle s'affronte également le traditionnaliste) et une pratique d'élévation plus consistante, conforme au sens originel, à mesure qu'on se rapproche mentalement et physiquement de Sion. (Plus simple, une fois dans le "bain" -ou Mikvé- de se comporter de façon orthodoxe à Mea Shearim qu'à New York ou au fin fond de la cambrousse). D'autant que si l'on reconnaît une filiation critique, y compris aux Conversos du Brésil ou du Mexique, Bné Ménashé, etc. on ne peut pas refuser aux Réformés ou éloignés d'aspirer à maintenir leurs pratiques envers et contre tout dans un environnement moins favorable. Peut-être dans l'attente de jours meilleurs (le "Shabbat" ou temps consacré à l'examen intérieur). Il serait démentiel d'affirmer que cette espérance est vaine, puisqu'elle est consubstantielle à l'existence et à la survie même de ce peuple : D. exclusif et capable de se détourner est aussi infiniment, inconditionnellement miséricordieux (Abraham, le premier converti parfait, dont la prière du matin traduit l'Amour inconditionnel de D. pour son peuple, et vice-versa si on se réfère aux mérites d'Abraham).
Historiquement, les premiers "libéraux" étaient en fait des orthodoxes qui voyaient dans le "compromis" avec les vicissitudes de la modernité un moyen de rester Juif tout en "s'intégrant" dans un environnement qui ne facilitait pas leur pratique ni leur reconnaissance sociale. C'était soit l'un soit l'autre. De fil en aiguille (deux siècles), il est certain que ce libéralisme entraîne une assimilation de fait, quand il ne fait pas formellement obstacle aux mariages mixtes, etc. Néanmoins la Loi du Retour (ou l'espérance d'y accéder par ses propres mérites) est la condition nécessaire au ralentissement de cette assimilation et à l'impulsion du mouvement inverse ( fidèle à la Promesse). De l'autre côté, les Hassidim se sont retranchés du monde moderne et, quelque part, ont triomphé en maintenant l'Orthodoxie vivante, en constituant un peuple plus affirmé pour les Rabbins.
Maintenant, la seule cause qui vaille d'être vécue est le Sionisme Religieux, à savoir la fidélité à la Promesse de l'Unité et aussi aux moyens pratico-pratiques d'en assurer la réalisation. Mouvement qui a encore échoué dans les implantations, en se retranchant de l'évolution de la mentalité "israélienne", sensible aux poussées laïques, à la modernisation, et à différents baba-coolismes tel-aviviens, dont l'actuel Olmert n'est qu'une figure de style.
A l'élan vers la Teshuva ou la conversion doit répondre une attitude de main tendue même si elle devait être plus encourageante que réprobatrice sur certains points de l'observance. Sans quoi, à terme, c'est l'Unité même qui est menacée et continue d'aller vers la fragmentation et la stérilisation des sources mêmes du "Retour" (car pour revenir il faut déjà être "parti", détaché, connaître la descente pour remonter, aussi croiser des facilitateurs-révélateurs sur son chemin...).
Sûrement un plaidoyer personnel, mais également une question de simple bon sens collectif. Au vu de tout ça, je pense que jamais une Loi pareille ne passera. Mais la folie des hommes est telle que le simple fait d'avoir évoqué cette possibilité renvoie à la notion de Hilloul Hachem (profanation du Nom D.ivin, puisque on le voit, cela rendrait inutile toute conversion, stériliserait les sources de la réalisation possible de la Promesse ou Projet de Retour vers Sion, vers D., fermerait la Porte à la moisson de Joseph).
En résumé : avec les affaires courantes conduites par le génial Olmert et les visions restrictives des grands esprits religieux de notre temps, où va t-on?
On a toujours pensé que nos élites savaient tout : ce qui vaut pour les Rabbins, vaut aussi pour les militaires, les services spéciaux, etc. C'est la thèse des Institutions de Diaspora : il ne faut rien critiquer, tout ce qui est Juif est nécessairement bon pour les Juifs. D'autant si ça vient d'un gouvernant, d'un chef d'Etat-Major... ou, mieux, d'un quasi-Grand prêtre....