REGARDEZ QUI TRAHIT LA TORAHPar Barbara Crook, directrice associée de Palestinian Media Watch
Elle habite à Ottawa, Canada.
Article paru le 25 novembre 2006 dans le Jerusalem Post
Traduit par Bertus pour www.nuitdorient.com Je suis juive par choix. C'est le choix le plus important que je n'ai jamais fait dans ma vie, et peut-être le choix le plus important que je ne ferai jamais. Après presque huit ans que mon mari et moi avons accompli une conversion orthodoxe au Canada, chaque geste dans ma vie est défini par mon identité juive et mon désir d'être sur les lignes de front pour aider Israël. J'ai fait partie de nombreux conseils d'administration juifs, y compris celui d'une organisation orthodoxe de bienfaisance, j'ai été désignée "la femme de l'année" par ma congrégation locale d'Emounah et j'ai parcouru le Canada pour faire des conférences sur les lois juives. Et qui mes amis nés Juifs appellent-ils quand ils ont des questions au sujet de ces lois ou de la tradition juive ? Moi la convertie, naturellement. Je suis allé en Israël 18 fois depuis mon premier voyage en mai 2003, j'ai mené des missions en Israël et j'ai enseigné à des étudiants canadiens et américains comment défendre Israël. Je passe la plupart de mes vacances à Jérusalem pour étudier l'hébreu, et je travaille pour une organisation israélienne qui défend Israël dans les parlements et des séminaires à travers le monde. Selon la loi juive, j'ai tous les droits et devoirs de n'importe quel juif né d'une mère juive.
Mais si le Rabbin en chef séfarade Shlomo Amar obtient gain de cause, quand le temps viendra pour moi de faire la a'liyah, on me niera le droit fondamental et égalitaire de la loi du retour accordé à tout Juif. Le Rabbin Amar veut changer la loi israélienne de sorte que seulement les juifs nés d'une mère juive aient droit à la citoyenneté automatique. "Ceux qui sont convertis peuvent venir comme citoyens régis par d'autres lois, et c'est très bien..., naturellement ils seront pris en considération " disait-il à la radio d'Israël. En d'autres termes, tous les Juifs sont égaux, mais quelques Juifs sont moins égaux que d'autres.
Au delà de l'outrage personnel, je trouve hypocrite qu'un rabbin à cette fonction essaie de retourner une loi de la Torah pour satisfaire ses propres objectifs politiques. Ce rabbin est ulcéré qu'à la fois le processus de conversion et la loi du retour aient été malmenés par une minorité de convertis. Et il apparaît que le changement proposé a pour but de délégitimer les conversions des mouvements conservateur et reformé. Ce sont certainement ces problèmes qu'on doit débattre et essayer de résoudre. Mais le judaïsme ne résout pas un problème social et politique en abandonnant une loi fondamentale de la Torah, soutenue par la loi rabbinique, qui non seulement affirme les pleins droits et l'égalité des convertis, mais exige aussi une attention particulière quant aux sentiments et aux sensibilités des "juifs par choix". Le Rabbin Amar est en
violation flagrante de la lettre et de l'esprit du judaïsme quand il fait la distinction des convertis. Dans de nombreux endroits, et dans toutes les lois la Torah stipule l'égalité légale entre les juifs nés juifs et les juifs par choix. Nombres 15/15-16: "Peuple, une même loi vous régira, vous et l'étranger domicilié. Règle absolue pour vos générations, vous et l'étranger, vous serez égaux devant l'Eternel. Même loi et même droit existeront pour vous et pour l'étranger habitant parmi vous"
Mais la Torah dépasse cette égalité légale et exige en fait qu'on ait un souci particulier lié à la sensibilité dans les relations interpersonnelles, de sorte que le converti ne se sente pas comme un étranger. Lévitique 19/33-34: "Si un étranger vient séjourner avec toi, dans votre pays, ne le molestez point. Il sera pour vous comme un de vos compatriotes, l'étranger qui séjourne avec vous et tu l'aimeras comme toi-même…" et Exode 23/9: "Tu ne vexeras point l'étranger. Vous connaissez, vous, le cœur de l'étranger, vous qui avez été étrangers dans le pays d'Egypte".
Dieu a un amour spécial pour ceux qui choisissent le judaïsme et exige que les Juifs par naissance montrent le même degré d'amour. Deutéronome 10/18-19: "…qui témoigne son amour à l'étranger, en lui assurant le pain et le vêtement. Vous aimerez l'étranger, vous qui fûtes étrangers dans le pays d'Egypte"
Les rabbins ont compris cela et ont écrit: "Plus cher à Dieu que tous les Israélites qui se sont tenus au mont Sinai est le converti. Si les Israélites n'avaient pas été les témoins de la foudre, du tonnerre et du tremblement de la montagne, s'ils n'avaient pas entendu les sons du shofar, ils n'auraient pas accepté la Torah. Mais le converti, qui n'a vu ni entendu aucune de ces choses, s'est rendu à Dieu et a accepté le joug du ciel. Est-ce que quelqu'un est plus cher à Dieu qu'une telle personne?" (Midrash Tanhuma/Buber).
En conclusion, la Torah condamne particulièrement ceux qui commettent une injustice à l'égard du converti. Deutéronome 27/19: "Maudit, celui qui fausse le droit de l'étranger, de l'orphelin ou de la veuve! Et tout le peuple dira Amen!"
De plus, la proposition du Rabbin en chef ne fait pas que violer directement les directives explicites de la loi juive, elle manque de clairvoyance, car elle ne reconnaît pas la contribution unique que les juifs par choix peuvent apporter à la vie juive et israélienne. Quand j'étais en mission à Moscou en mai 2000 pour le "leadership des jeunes", j'ai été invité par l'Agence juive à partager mes expériences en tant que juif par choix, avec un groupe de juifs russes qui se préparaient à faire l'aliya.
C'était la première fois qu'ils rencontraient quelqu'un qui savait combien il était dur d'apprendre l'hébreu en tant qu'adulte, qui pouvait parler des craintes, de la maladresse et de l'embarras d'essayer de s'adapter à une nouvelle culture et une nouvelle religion, et qui pouvait les rassurer que cela valait la peine de se battre pour mettre en valeur son identité juive. Après que j'eu parlé, mes camarades Canadiens étaient en larmes, et les Russes se sont précipités pour m'embrasser.
Est-ce que toutes ces gens qui vivent une vie juive et qui élèvent des enfants Juifs sont-ils en Israël aujourd'hui ? Peut-être pas. Est-ce que certaines d'entre elles ont tiré profit du processus de conversion et ont abusé du privilège de la citoyenneté israélienne ? Peut-être - et peut-être c'est la raison pour laquelle le Rabbin Amar essaie de punir tous les convertis avec sa proposition sacrilège. Mais je sais que j'ai pu aider ce jour nombre de ces Russes à porter leur identité juive parce que je savais ce que cela signifie de faire un choix conscient pour devenir un Juif. La Torah codifie et se fait l'avocat de causes que le Rabbin Amar n'a pas l'air de saisir: mon droit fondamental en tant que membre de la nation juive de rejoindre mon peuple dans des conditions égalitaires et de m'installer sur la terre d'Israël. L'avenir d'Israël et du peuple juif dépend des juifs qui adoptent le judaïsme et sont fiers d'être juifs - par naissance ou par décision consciente. J'ai fait mon choix et Dieu a reconnu mon choix. Mon droit à la terre n'est en aucun cas inférieur à celui du Rabbin Amar. Dieu m'a donné ce droit et le Rabbin Amar ne peut pas me l'enlever.
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