Douste-Blazy "ému" par les images du retrait
Yediot Aharonot
5 Septembre 2005
Dans la perspective de la venue en Israël du ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, le Yediot Aharonot publie une interview avec celui-ci recueillie par Séfi Hendler et intitulée « Sharon mon amour » (en français dans le texte).
Sharon soutient en Israël un combat pour sa survie, mais en France il est une vedette, fait valoir le journaliste. A la veille de sa visite en Israël, le ministre français des AE, dit de lui : « Sharon est un homme d’Etat courageux ». Même les colons juifs qui ont quitté leur maison l’ont ému.
Parlant des colons juifs, Douste-Blazy précise : « j’ai vu à la télévision les images fortes des familles contraintes de quitter leur maison, et je comprends les sentiments que cela a éveillé en Israël. Le monde entier a vu ces images. Il n’y a personne qui ne peut pas ressentir, même si c’est avec une force moindre, ce que ressentent ces familles ».
Plus qu’essuyer une larme devant les colons, le ministre français des AE étreint et caresse Sharon quasiment comme si c’était Shimon Pérès, lequel était jusqu’à ces derniers temps l’Israélien le plus populaire en France. « Un tabou a été brisé, grâce au courage d’Ariel Sharon. Permettez-moi de vous dire qu’il était sans doute le seul capable d’évacuer une zone conquise en 1967. C’était une décision courageuse, quoique attendue. L’engagement pris par Sharon a été tenu, c’est l’essentiel ».
S’agissant de l’attitude des Français et des Européens vis-à-vis d’A. Sharon, Douste-Blazy dit : « Je considère les faits. La visite de Sharon en France a été une réussite. Nous avons prouvé, Israéliens et Français, que nous sommes capables d’entretenir un dialogue ouvert au moment où nous comprenons les positions de l’autre. J’espère que nous poursuivrons le dialogue sur cette base. Nos relations bilatérales ont beaucoup progressé, et cela va continuer ».
Deux problèmes urgents se posent aujourd’hui pour la politique étrangère française : le processus politique palestinien et le renforcement économique de la bande de Gaza. Le ministre français prend garde de ne pas être perçu comme exerçant une pression, mais il souligne que la bande de Gaza doit être libre et ouverte vers le monde. « Ce territoire libéré doit devenir économiquement viable. Le plan d’action économique de l’émissaire du Quartette, James Wolfensohn, doit permettre de relancer l’économie palestinienne. La viabilité économique de Gaza dépend aujourd’hui de son ouverture vers l’extérieur. Il faut avancer rapidement sur la question des frontières avec l’Egypte, sur le lien avec la Cisjordanie, et sur le développement des infrastructures principales comme le port ou l’aéroport. A nos yeux, c’est indispensable. »
« Le retrait de Gaza est perçu en France comme un succès », poursuit Douste-Blazy. « La société israélienne a fait preuve de courage et de responsabilité. Les Palestiniens aussi ont fait preuve de responsabilité. La communauté internationale doit aider l’Autorité palestinienne à se doter d’un régime fort et d’une police organisée. (...) Nous condamnons le terrorisme sans ambiguïté. Nous appelons systématiquement les groupes armés palestiniens à abandonner la voie de la violence. Il n’existe aucune intention de négocier avec le Hamas, un mouvement qui figure sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne ».
L’homme qui est dans le collimateur de Paris se nomme Bachar Assad, note S. Hendler. « Le dirigeant syrien, jadis choyé par le président Chirac, est devenu la cible n°1 de l’Elysée ». Le chef de la diplomatie française profite de l’entretien pour envoyer un message sans équivoque à l’attention de Damas : « assez de manœuvres ! Coopérez à l’enquête ! ». Il révèle pour la première fois, qui plus est à un journal israélien, la partie sensible du rapport d’étape remis au Conseil de Sécurité, qui met directement en cause la Syrie dans les atermoiements de l’enquête.
Accueil